L’Equitation de tradition française

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L’Equitation de tradition française est fondée sur l’harmonie des relations entre l’homme et le cheval, obtenue grâce à une compréhension réciproque approfondie, intime et discrète. Cette écoute attentive et réciproque permet de construire un lien entre le cheval et le cavalier, dans lequel le cheval n’est pas assujetti au cavalier, mais, selon l’expression employée par les écuyers, « se soumet généreusement » à ce que lui demande son maître.

Cette économie des forces permet d’obtenir un point essentiel de l’équitation de tradition française, à savoir la « légèreté », que le cavalier atteint par l’absence d’effets de force et de contrainte, et par la fluidité du mouvement dans l’impulsion et la flexibilité des articulations.

Eclectique dans sa doctrine, l’Equitation de tradition française s’est enrichie au fil des siècles de l’expérience des plus grands écuyers.
Parmi eux, les héritages d’Antoine de Pluvinel, François Robichon de la Guérinière, le Comte d’Aure, François Baucher, mais aussi Alexis L’Hotte furent d’une importance capitale.

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L’Equitation de tradition française a longtemps été une activité liée aux usages de la Cour et à son influence sur les usages du cheval monté par les membres de l’aristocratie. Après la Révolution, les deux formes de continuation de la tradition furent:

 

  1. les armées, dans lesquelles tous les officiers quelles que soit leur arme devaient figurer à cheval dans toutes les présentations militaires et devaient maîtriser le dressage du cheval, avec une insistance pour ceux qui devraient contrôler l’instruction équestre des troupes utilisatrices du cheval: cavalerie mais aussi artillerie, train des équipages…
  2. les manèges civils qui enseignaient à la bonne société l’usage du cheval monté, usage qui était réclamé pour figurer dans les pratiques socialement valorisées: chasse à courre, promenade (le Bois de Boulogne à Paris), saut d’obstacle comme sport « chic» …

 

L’équitation était également une forme d’éducation reconnue pour sa capacité à former au commandement, à la maîtrise (de soi et de son cheval), que la bourgeoisie reprendra dans son souci de s’approprier les formes valorisées par l’ancienne noblesse.
La disparition progressive du cheval comme moyen de transport limite ces usages socialement répandus de « l’art de monter à cheval ». L’aviation prendra sa place pour l’utilisation comme prise de risque, l’automobile pour les performances de vitesse et d’audace, les sports se mutiplient aux dépens de ceux du cheval… Mais l’équitation s’organise comme discipline sportive, olympique autour du saut d’obstacle, du dressage académique et du concours complet d’équitation (issu des épreuves pour chevaux et officiers comme son nom anglais «military» l’a longtemps signalé).

La tradition française suivra ces évolutions et sera affaiblie par les règlements sportifs (que déterminent les épreuves olympiques et leurs règlements), par le développement même du nombre de pratiquants de l’équitation qu’on ne peut encadrer qu’en acceptant une moindre rigueur dans le recrutement des enseignants et par l’apparition de formes d’équitation issues d’autres traditions (équitation western, randonnée… ).

Aujourd’hui, la diversité même des pratiques équestres donne espoir pour un développement de l’équitation de tradition française: parmi l’ensemble des propositions de pratique elle peut occuper un espace où l’exigence de finesse, de discrétion, d’élégance comme la recherche d’une certaine collaboration (certains parleraient de complicité) entre le cavalier et son cheval procurent des satisfactions différentes de la performance sportive comme la danse peut le faire à côté de la gymnastique, la randonnée ornithologique à côté de la chasse …

 

Extrait de la Fiche inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel, rédigée par Patrice Franchet d’Espèrey et Jean Lagoutte.

Légèreté

Harmonie

Absence de contraintes et discrétion des aides

sont autant de mots justes pour exprimer les principes de l’Equitation de tradition française, et traduire la quête des cavaliers se réclamant de cette équitation dans le travail de leurs chevaux.

Cette équitation se fonde également sur des valeurs de respect, d’écoute, de compréhension et de partage.

Riche d’une longue histoire dont les prémices datent du XVIème siècle, l’Equitation de tradition française a fait l’objet de nombreux écrits et traités, devenus plus tard des ouvrages de référence.

Regroupés autour de différentes thématiques, ces ouvrages – qui abordent tant l’équitation de tradition française que les influences qui l’ont fait évoluer – ne constituent néanmoins pas une liste exhaustive.

Fondamentaux

L’Instruction du Roy en l’exercice de monter à cheval, Antoine de Pluvinel

Equitation Académique, Général Decarpentry

Questions Equestres, Général L’Hotte

Un Officier de cavalerie, Général L’Hotte

L’Ecole de Cavalerie, François Robichon de la Guérinière

Le gymnase du cheval, Gustav Steinbrecht

Histoire et conflits

Méthode d’équitation, François Baucher

Cours d’Equitation, Comte d’Aure

Ressources extérieures

L’Equitation, Alois Podhajsky

L’Equitation de tradition française, Diogo de Bragance

Références du XXème siècle

Dressage, Colonel Challan – Belval

Equitation raisonnée, Commandant Licart

Réflexions sur l’art équestre, Nuno Oliveira

Mécanique équestre, 2ème édition, Dr Pierre Pradier

A la recherche de l’équitation, Michel Henriquet

Une histoire de l’équitation française, Guillaume Henry et Marine Oussedik

Sauteurs

Sauteurs en libertés, Jean-Louis Guntz

Traité des airs relevés, Jean-Claude Barry

Dressage du cheval aux piliers, Jean-Claude Barry

C’est en 2008 que le Cadre noir de Saumur effectue les premières démarches auprès du Ministère de la Culture, instance chargée de mettre en œuvre la convention, de sélectionner et présenter les candidatures à l’UNESCO.

Le premier dossier présenté au ministère avait alors pour objet l’inscription du Cadre noir en tant qu’institution, ses pratiques et ses traditions.

La volonté de sauvegarde se heurta toutefois rapidement à plusieurs interrogations : le Cadre noir devait-il être inscrit sur la liste de sauvegarde, et ainsi exiger des mesures urgentes ? Ou son inscription sur la liste représentative serait-elle suffisante pour assurer la pérennité de la tradition française ? Se posa également la question du contenu : qu’inscrire exactement auprès de l’UNESCO ?

Conscient que de placer le Cadre noir sous l’égide de l’UNESCO ne sauvegarderait pas nécessairement les principes et idées de l’équitation qu’il souhaitait préserver, le comité d’experts aborda différemment la rédaction du second dossier de candidature.

Afin d’atteindre l’objectif de préservation de la tradition et de ses principes sur le long terme, c’est finalement la pratique équestre portée par le Cadre noir qui fut inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, et non l’institution.

Consulter l’article de Sylvie Grenet : L’inscription de l’équitation de tradition française à l’UNESCO